Connu pour ses lives diffusés sur la plateforme Kick, le streamer Jean Pormanove est décédé en direct, dans la nuit du 17 au 18 août 2025. Suivi par plus de 500 000 abonnés sur la plateforme australienne, l’homme de 46 ans avait rejoint un collectif de streamers réputé pour son contenu ultra-trash, au sein duquel il avait fini par devenir le souffre-douleur.
En effet, dans de nombreuses vidéos qui ont refait surface sur les réseaux sociaux, on peut voir Jean Pormanove se faire constamment rabaisser ou frapper par les autres membres, notamment Owen Cenazandotti et Safine Hamadi, les meneurs du groupe. Lors de son dernier live, l’ancien militaire, qui souffrait de problèmes cardiaques, a été filmé en train de se faire étrangler, implorant en hurlant qu’on mette fin à son calvaire.
Une fin tragique
Ce sont les spectateurs du live qui ont donné l’alerte, constatant que Jean Pormanove demeurait étrangement immobile, malgré leurs relances pour le réveiller. Owen Cenazandotti, alias Narutovie, lui a alors lancé une bouteille au visage et administré quelques claques afin de le réveiller, avant de couper la connexion.
Mon frère, qui est un peu éloigné, attrape une bouteille qui est à côté de lui, il l'envoie sur JP pour voir s'il se réveille, il se lève, il essaie de le réveiller et là, il est inanimé. Mon frère coupe le live pour que tout ne soit pas diffusé, il commence le massage cardiaque, il prévient les secours. Quand le SAMU est arrivé, ils ont pris le relais mais malheureusement, c'était trop tard.
A raconté Gwen Cenazandotti au micro de RTL, affirmant que toutes ces scènes de violences et d'humiliation étaient simulées et consenties.
Également contactée par RTL, la mère de Jean Pormanove a décrit un homme "au grand cœur", qui s'était trouvé une seconde famille à Nice auprès de ces jeunes streamers, tous âgés d’une vingtaine d’années :
Il avait des frères à Metz mais il s’était trouvé des frères à Nice, c'était une famille, il était invité partout.
A-t-elle déclaré.
Jean Pormanove victime d’abus de faiblesse ?
Cependant, sa fille n’a pas tenu le même discours. Toujours auprès de RTL, la sœur de Jean Pormanove a qualifié son décès "d'intolérable" et est persuadée que son frère est mort d'épuisement, après avoir été forcé à streamer 24h/24, pendant une dizaine de jours.
J'étais très très fière de ce qu’est devenu son frère. Je ne regardais pas tout mais j'estime qu'il n’aurait pas dû mourir comme ça, qu’il est décédé d’épuisement. Ce qu'il a vécu est inacceptable.
S’est-elle indignée.
Au vu des circonstances de la mort de Jean Pormanove, le parquet de Nice a ouvert une enquête. Ce jeudi 21 août 2025, les résultats de l’autopsie ont révélé que "les causes probables du décès apparaissent d’origine médicale et/ou toxicologique" et ont écarté "l’intervention d’un tiers".
Un rapport dont se sont dit "soulagés" Owen Cenazandotti et Safine Hamadi, qui se sont murés dans le silence et ne réagissent désormais que par le biais de leurs avocats. Pour rappel, les deux hommes avaient déjà été placés en garde à vue en début d’année pour des soupçons de maltraitance envers des personnes vulnérables, à la suite d'une enquête publiée par Mediapart.
De son vrai nom Raphaël Graven, Jean Pormanove a grandi en Moselle et s’était d’abord fait connaître sur TikTok, puis sur Twitch, où il se filmait en train de jouer à des jeux populaires. Mais bien avant de se lancer dans le monde du streaming, il s’était engagé en 1998 dans l’armée. Ses anciens frères d’armes ont d’ailleurs été très attristés d'apprendre la nouvelle, saluant la mémoire de celui qui ne leur aura laissé que de bons souvenirs :
Il n’était ni un simple d’esprit ni quelqu’un avec du retard mental, comme on peut le lire depuis son décès. Sinon, il n’aurait jamais pu être militaire… C’est vraiment horrible de lire des choses pareilles.
A déploré, dans les colonnes du Parisien, l'un des caporaux-chefs qui s’occupait des infrastructures de la base aérienne 128 de Marly Frescaty, près de Metz.
L'enquête suit son cours.