C’est une histoire tragique qui a fait le tour du monde et pourrait bien avoir de sérieuses conséquences sur le milieu du streaming. Dans la nuit du 17 au 18 août dernier, Jean Pormanove est décédé en plein live, sous les yeux des internautes. De son vrai nom Raphaël Graven, l’homme de 46 ans faisait partie d’un collectif de streamers suivi par plus de 500 000 abonnés sur la plateforme Kick.
Mais ce soir-là, à l’issue d’un live au cours duquel il avait une nouvelle fois été malmené face caméra, les internautes ont constaté que Jean Pormanove semblait bien trop inerte pour être en train de dormir. En effet, si l’enceinte qui diffusait les messages payants continuait de sonner, il ne manifestait plus aucune réaction.
Owen Cenazandotti, alias Narutovie, lui a alors lancé une bouteille au visage et lui a administré quelques claques pour le réveiller, avant de couper le live. Malheureusement, celui qui était également surnommé JP s’était endormi pour toujours, malgré un massage cardiaque et l’intervention du SAMU.
Une famille qui se dédouane ?
Gwen, le frère de Narutovie, qui intervenait régulièrement dans les lives, est revenu en détails sur les faits, soucieux de démentir la rumeur selon laquelle Jean Pormanove aurait été retrouvé sans vie, seul, à son domicile :
Mon frère, qui est un peu éloigné, attrape une bouteille qui est à côté de lui, il l'envoie sur JP pour voir s'il se réveille, il se lève, il essaie de le réveiller et là, il est inanimé. Mon frère coupe le live pour que tout ne soit pas diffusé, il commence le massage cardiaque, il prévient les secours. Quand le SAMU est arrivé, ils ont pris le relais mais malheureusement, c'était trop tard.
A-t-il confié, au micro de RTL.
La disparition soudaine de Jean Pormanove aurait profondément choqué les membres de l’équipe, comme a tenu à le faire savoir Gwen, assurant que le défunt avait toujours été considéré comme un membre de la famille :
Nous qui vivions ensemble dans la vraie vie, on savait très bien que tout le monde allait bien, tout le monde était super heureux. JP, c'était notre ami et un frère. On était à des années-lumière de penser qu'il pouvait arriver une chose comme ça.
Pourtant, au vu des lives diffusés sur leur chaîne Kick, il faut croire que les frères Cenazandotti ont une conception bien particulière du sens de la famille. Car dans de nombreuses vidéos qui ont refait surface sur les réseaux sociaux, on peut voir Jean Pormanove se faire constamment humilier ou frapper par les autres membres du collectif, quand il n'était pas privé de sommeil. Lors de son dernier live, l’ancien militaire, qui souffrait de problèmes cardiaques, se fait étrangler par ses "collègues", hurlant pour qu’on mette fin à son calvaire.
Mais selon Gwen, les choses sont à replacer dans leur contexte car il ne s’agissait que de simples mises en scène réalisées pour amuser la galerie. "Tout n'était qu'une pièce de théâtre géante. Tous les jours, on lançait notre live à 21h, c'était du contenu très trash mais on assumait complètement", a-t-il déclaré.
Et de poursuivre :
On faisait pas mal de défis, de conneries, c'était notre fonds de commerce. (…) Dès qu'il y en avait un qui faisait une erreur, il avait une sanction, on se tirait dessus au paintball, on se jetait de l'eau. Voilà. C'étaient des jeux comme ça. Ça restait dans le cadre du divertissement et du streaming.
De l’abus de faiblesse manifeste ?
Cependant, dans ces "pièces de théâtre", Jean Pormanove n’était pas le seul à être le souffre-douleur de la bande. Un dénommé Coudoux, handicapé et sous curatelle, a lui aussi été victime de violences et d’humiliations face caméra. Cependant, pour les meneurs Owen Cenazandotti et Safine Hamidi, respectivement âgés de 23 et 28 ans, les deux hommes avaient donné leur consentement pour se faire rabaisser chaque soir devant des milliers d'internautes.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Nice afin de déterminer si les violences mises en scène ont entraîné, indirectement ou pas, la mort de Jean Pormanove. En attendant de faire la lumière sur toute cette affaire, le rappeur Drake et le streamer Adin Ross se sont engagés à prendre en charge ses obsèques.