Voilà une rumeur aussi absurde que tenace. Depuis quatre ans, Brigitte Macron fait l’objet de rumeurs transphobes, affirmant qu’elle serait une femme transgenre, née sous le nom de Jean-Michel Trogneux. Tout a commencé en 2021, lorsque plusieurs comptes d’extrême droite ou conspirationnistes ont relayé en masse sur les réseaux sociaux les propos de l’autoproclamée journaliste Natacha Rey.

Cette dernière, interviewée sur la chaîne YouTube de la médium Amandine Roy, avait affirmé avoir mené une enquête de trois ans sur un "mensonge d’État". Et d’après ses conclusions, la femme d’Emmanuel Macron ne serait pas la mère biologique de ses trois enfants et aurait changé de sexe pour devenir une femme.

Brigitte Macron saisit la justice

En moins de deux jours, la vidéo a cumulé des centaines de milliers de vues et a fini par dépasser les frontières. Car deux ans plus tard, Xavier Poussard, ancien rédacteur en chef du magazine d'extrême droite Faits et Documents, a fait parvenir la théorie complotiste auprès des partisans de Donald Trump.

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Emmanuel et Brigitte Macron @ Chesnot/Getty Images

C’est ainsi que Candace Owens s’est emparée de l’affaire : "Je suis prête à mettre toute ma réputation professionnelle en jeu pour dire que Brigitte Macron est en réalité un homme", avait-elle informé, en mars 2024. En début d’année 2025, l’influenceuse conservatrice a connu un pic de notoriété grâce à une série de vidéos virales, intitulée Becoming Brigitte (Devenir Brigitte) et inspirée du livre de Xavier Poussard, avec lequel elle collabore étroitement sur le sujet.

Après être restée longtemps silencieuse, Brigitte Macron a finalement décidé de déposer plainte contre ses harceleurs virtuels. Sa fille Tiphaine Auzière, avocate de profession, a accepté de prendre sa défense à la barre et a récemment déclaré que sa mère vivrait très mal cette campagne de désinformation. Ainsi, ces 27 et 28 octobre, dix personnes étaient jugées pour cyberharcèlement sexiste, devant le tribunal correctionnel de Paris. Et il n’y a pas que sa famille sur laquelle la femme de 72 ans peut compter.

L’enfant du pays

En effet, dans les rues d’Amiens, la ville natale de Brigitte Macron, les réactions ont été unanimes. Dans le dernier numéro du Courrier Picard paru ce mercredi 29 octobre, les habitants interrogés par les journalistes se sont dits profondément choqués par l’ampleur qu’a pris cette affaire.

Comme Christine, 75 ans, qui juge tout cela "complètement ridicule". "En étant Première dame, c’est déjà difficile d’être épiée en permanence. Elle n’avait pas besoin de ça !", a déploré la septuagénaire.

Un avis partagé par Bernard, 80 ans, qui "n’en peut plus de ces conneries".

Un copain m’en parlait encore ce midi parce qu’il a des doutes… Comment peut-on douter alors qu’elle a eu des enfants ? C’est grave de voir toutes les énormités qu’on raconte et qu’il y a des gens qui gobent tout ça.

Même son de cloche auprès des plus jeunes, dont certains ont dénoncé le comportement des internautes. Si Romain, 19 ans, a reconnu avoir vu passer et ri des publications moqueuses visant Brigitte Macron, il a toutefois tenu à nuancer :

Le problème, c’est qu’on banalise le harcèlement. On ne peut pas parler de scandale mais à un moment, il faut que ça s’arrête. Quand ça vire à la persécution, à vivre, ça doit être chaud. 

Roman, 20 ans, a d’ailleurs abondé dans le même sens : "Il faut que les écrits sur Internet soient punis comme des paroles dites dans la vraie vie. Ce harcèlement ne doit pas rester impuni", avant d’ajouter :

Qu’elle soit née femme ou homme, on s’en fiche totalement, ça ne change rien.

Au Touquet, commune où Brigitte et Emmanuel Macron possèdent une résidence et où la Première dame avait l’habitude de passer ses vacances étant enfant, Juliette Bernard a volé au secours de la concernée :

Cette rumeur, c’est fait pour détruire une famille. Au début, elle n’a pas répondu, mais aujourd’hui elle a raison d’attaquer. À un moment donné, ça va trop loin.

S’est indignée l’élue locale.

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