Difficile d'avoir le moral au beau fixe durant cette période de pandémie que nous traversons. Pourtant, Julie Zenatti s'est donné pour mission de nous redonner le sourire avec son nouvel album (Re)faire danser les Fleurs. Celui-ci a même eu droit à sa version collector avec des titres inédits.

Porté par des singles efficaces et diablement entraînants comme Tout est plus Pop, cet album nous fait revivre les années 70/80. Julie Zenatti offre à ses fans un album rassurant empreint d'une nostalgie liée aux rythmes des musiques qui ont bercé notre enfance.

En tournée dans toute la France pour partager cette dose de bonne humeur dont nous avons tous besoin, Julie Zenatti sera le 6 février 2022 au Trianon. Pour l'occasion, elle a bien voulu se confier à la rédaction de StarMag.

Son avis sur les mesures gouvernementales face au Covid-19

 

Le Covid a fait reporter votre tournée. Ça vous fait quoi de pouvoir remonter sur scène ?

De pouvoir se dire qu’on va retrouver des gens dans une salle et que je vais enfin pouvoir finalement présenter cet album en live, évidemment que ça me réjouit, ça me ravit. De manière générale, je fais des albums pour pouvoir aller à la rencontre des gens et pouvoir monter sur scène.

 

De nombreux artistes, à l'instar de Julien Doré ou encore Grand Corps Malade, ont critiqué les nouvelles mesures du gouvernement. Et vous, que pensez-vous de ces mesures ?

De manière générale, je pense qu’aujourd’hui se rassembler en toute sécurité c’est être masqué et, encore mieux, être vacciné. Donc que ce soit un meeting politique, un concert ou même une réunion de famille ou une fête entre potes, je pense qu’on prend moins de risque en suivant ces mesures sanitaires qui malheureusement sont la façon la plus raisonnée de pouvoir vivre normalement, entre guillemets, avec ce virus.

Mais oui, il y a quelques passe-droits qui sont assez étranges. C’est assez déroutant pour nous mais on sait depuis le départ que la culture a d’abord été considérée comme non-essentielle. Maintenant les rassemblements dans les concerts sont limités et pas pour les meetings politiques… Bon bah voilà, on sait qu’on est toujours la cinquième roue du carrosse. Mais bon on ne lâche pas l’affaire.

 

Est-ce que cet album vous a aidée à surmonter cette période difficile de pandémie ?

Oui ça m’a beaucoup aidée parce que ça m’a permis de rester active, de ne pas rester coincée sur mon canapé à regarder Netflix et à manger du chocolat avec mes enfants devant Disney +. Donc ça a beaucoup aidé ma balance aussi (rires).

 

Retour sur des légendes de la chanson française

 

Vous rendez hommage à Johnny Hallyday et France Gall dans votre titre « France et Jojo ». Que représentent ces deux artistes pour vous ?

Pour moi ce sont des icônes, des légendes ayant traversé plusieurs générations. Ces artistes étaient vraiment des meneurs. Ils savaient rassembler les foules, raconter leurs idées, dépeindre la société sans forcément être dans de la politique mais plutôt dans de l’humain. Ce sont des artistes généreux qui chantent pour les gens et qui  sont aussi la voix des gens. Ce sont des artistes qui me bouleversent depuis que je suis petite.

 

France Gall est l’une de vos plus grandes inspirations. Qu’auriez-vous aimé pouvoir lui dire si vous aviez eu l’occasion de la rencontrer ?

Je crois que je n’aurais pas voulu la rencontrer. Je crois que quand on aime tellement quelqu’un, on a envie quelque part que ça reste du domaine du fantasme.

Je ne sais pas finalement si de rencontrer les gens dont on est fan est une bonne chose. Je ne sais pas si ça pourrait ne pas casser le rêve. Je suis assez contente de ne pas l’avoir rencontrée quelque part. J’aime bien la place de doudou et de souvenir d’enfance qu’elle a dans ma tête et dans mon cœur.

 

Vous vous êtes grandement inspirée des années 70/80, manque-t-il quelque chose à la musique contemporaine selon vous ?

Non je ne crois pas. Ce sont d’autres époques, d’autres façons de dire les choses. Quand on parle d’artistes qui disent des choses de manière intelligible, intelligente, sensée, sans juger, évidemment tout de suite je pense à Angèle, Grand Corps Malade ou même Hoshi. Au travers de leur propre histoire, ils nous font part de ce qui se passe dans la société et c’est important d’avoir ces chansons comme des témoignages d’une époque.

Mais il y a quand même un gros revival 70/80. Je pense que quand on ne va pas très bien on a besoin d’aller vers de la musique qui nous a bercés et je ne pense pas qu’on soit dans l’époque la plus funky qu’on ait connue.

Une artiste plus affirmée que jamais

 

Désormais vous vous auto-produisez. Qu’est-ce que ça a changé dans votre manière de travailler, d’aborder la musique ?

C’est une liberté supplémentaire. J’ai toujours eu de la chance d’être très bien accompagnée en maison de disque et c’est grâce à ça qu’aujourd’hui je peux me permettre aussi de devenir moi-même productrice. Ça m’apporte une autre façon d’aborder la temporalité. En maison de disque il y a une obligation de résultats assez immédiats. Moi j’ai toujours été un petit artisan et le temps avançant, je n’avais plus envie d’être envisagée dans le regard de l’autre mais d’être moi-même le moteur de ma création et de ma créativité. De ne plus rentrer dans des cases et des plannings mais aussi réinventer ma musique, mon âge aussi. J’ai 40 ans je n’ai plus 20 ans.

 

Avez-vous moins peur de vous dévoiler à 40 ans qu’à 20 ans ?

Je pense qu’à 20 ans la pudeur ne se place pas au même endroit et on a peur que nos failles soient des faiblesses dont le monde entier va se servir. Il y a une forme de méfiance quand on 20 ans et on veut se montrer invincible. C’est sûr qu’en avançant avec l’âge, en ayant des enfants, on se rend bien compte que finalement on peut poser un regard bienveillant sur nos faiblesses et que c’est important. C’est le cas pour tout le monde, c’est un chemin de vie.

 

Vous avez dit « un artiste ne doit jamais faire de compromis ». Vous est-il arrivé de devoir en faire dans votre carrière ?

J’en ai fait malgré moi. Quand vous rentrez dans un système, vous connaissez les règles et les codes. C’est ce que je dis en fait dans « Tout est plus Pop ». On sait comment ça marche et de manière très naturelle, et on a l’impression que ça nous appartient, nous-mêmes on prend ces chemins-là. C’est quand on se coupe de tout ça qu’on se rend compte que finalement cette décision-là je l’ai prise parce que c’est comme ça que j’ai appris, c’est ce que j’ai vu. J’ai eu l’impression de prendre cette décision mais ce n’était pas mon envie. Il y a une grosse différence entre prendre une décision et l’envie.

 

Dans « Et pourquoi pas ? » vous parlez de la différence de traitement entre les Hommes et les Femmes. Vous en avez déjà été victime dans votre carrière ?

Oui bien sûr. En tant que femme, bien sûr j’ai déjà connu ce genre de petites phrases un peu « second degré » mais qui font finalement tellement partie du vocabulaire et de l’inconscient collectif qu’on ne se rend pas compte que c’est finalement très désobligeant voire méprisant.

Et puis je fais quand même un métier où les femmes, en vieillissant, on les cache plus qu’on ne les montre alors que les hommes, on trouve qu’ils se bonifient avec le temps. Donc, de fait, ça vous pousse à avoir parfois des comportements peut-être un peu plus lâches qu’à la normale. J’ai moi-même déjà entendu à mon égard des réflexions un peu sexistes, un peu limites et, parfois, pas tout le temps, je me suis tue.

La limite entre la chienne de garde et la nana qui veut juste qu’on la respecte pour ce qu’elle est, est toujours très fine. Quand on est dans une lutte de pouvoir c’est toujours très complexe. De toute manière une nana qui s’énerve elle a toujours ses règles, ou alors elle est en pré-ménopause. On ne se pose pas la question de savoir si elle a raison.

 

Bientôt coach dans The Voice ?

 

Vous voyez-vous un jour coach dans une émission comme The Voice ?

Alors jusqu’à maintenant j’aurais peut-être dit non et puis maintenant, parce que je suis aussi devenue productrice en plus d’être auteure/compositrice et que je suis plus affirmée, je pense que oui. C’est un truc qui me ferait kiffer parce que j’aime être dans le partage, la transmission. C’est ce que j’ai fait avec « Méditerranéenne », l’album précédent en allant chercher des artistes pas forcément connus voire pas du tout.

 

Espérons que TF1 saisisse cet appel !

On va leur envoyer un mail (rires).

 

Les Enfoirés vous ont-ils appelée pour rejoindre la troupe cette année ?

Non pas du tout. Mais ils savent très bien que de façon pas forcément publique, ce n’est pas parce que je ne vais pas faire le spectacle ou l’émission de télé que ce n’est pas une association qui me tient à cœur. Finalement peu importe les artistes qui sont dedans, l’important c’est d’y mettre du cœur et que ça rapporte le plus d’argent possible pour que l’année qui suit soit la plus douce possible. C’est une association qui est plus que nécessaire et encore plus aujourd’hui avec tout ce qu’on vient de vivre. Si un jour ils ont besoin je serais là.

 

Que peut-on vous souhaiter pour 2022 ?

Alors on peut me souhaiter… Attendez je vais faire une liste (rires). J’aimerais déjà qu’on nous souhaite tous que tout ça (la pandémie, ndlr) soit derrière nous et que petit à petit on revienne à une vie, j’ai envie de dire peut-être sans masque. J’ai envie aussi de souhaiter beaucoup d’amour à tout le monde parce qu’on sent bien qu’il y a une grande solitude et une grande fatigue qui est en train de s’installer après deux ans de pandémie. Pour ça, moi je dis que le meilleur remède c’est de mettre un masque, d’aller dans une salle de spectacle et d’aller se mêler aux gens et écouter de la musique. Donc je me souhaite un super Trianon le 6 février déjà pour commencer.

Toute reproduction ou citation est interdite sans la mention de StarMag.com