C’est une triste histoire qui a dépassé les frontières et qui pourrait avoir de sérieuses conséquences sur le milieu du streaming. Dans la nuit du 17 au 18 août 2025, Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, est décédé en plein live, alors qu’il streamait en continu depuis une dizaine de jours avec d’autres membres de son groupe de streamers. Une disparition qui a choqué les internautes, notamment lorsque d’anciennes vidéos ont refait surface sur les réseaux sociaux.

En effet, on peut y voir l’homme de 46 ans se faire humilier et malmener face caméra, en particulier par Owen Cenazandotti, alias Narutovie, et Safine Hamadi. Sur la Toile, les deux hommes, respectivement âgés de 23 et 28 ans, ont été accusés d’être responsables de la mort de Jean Pormanove. Cependant, les résultats de l’autopsie indiquent que "le décès n'a pas une origine traumatique et n'est pas en lien avec l'intervention d'un tiers". Malgré tout, l’affaire va connaître un tournant judiciaire.

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Jean Pormanove @ Instagram

Le gouvernement saisit la justice

Une semaine après le drame, Laure Beccuau, la procureure de la République de Paris, a annoncé l'ouverture d'une enquête visant Kick, "du chef de fourniture en bande organisée de plateforme en ligne illicite ». Ouverte le lundi 25 août en concertation avec le parquet de Nice, cette enquête préliminaire a pour but de déterminer si la plateforme australienne "fournissait en connaissance de cause, des services illicites, notamment par la diffusion de vidéos d'atteintes volontaires à l'intégrité de la personne" et "satisfait aux obligations issues du règlement européen sur les services numériques, notamment l'obligation de signaler aux autorités les risques d'atteintes à la vie ou à la sécurité des personnes", a-t-on appris dans un communiqué datant de ce mardi 26 août.

En parallèle, Clara Chappaz a fait savoir qu’elle avait l’intention de poursuivre la plateforme Kick en justice pour "manquement".

Kick n'a pas fait tout ce qui était possible pour mettre fin à la diffusion de contenu qui était dangereux.

A déclaré la ministre déléguée chargée du Numérique, à l'issue d'une réunion convoquée à Bercy avec les services de trois autres ministères (Économie, Intérieur et Justice), ainsi qu'avec l'Arcom et la Commission nationale informatique et libertés (Cnil).

Des réactions tardives ?

Clara Chappaz avait pourtant déjà été alertée par Médiapart fin 2024 et 80 signalements avaient été effectués sur la plateforme Pharos, pour dénoncer les dérives des streams auxquels participait Jean Pormanove. Owen Cenazandotti et Safine Hamadi avaient d'ailleurs été placés en garde à vue en début d'année, pour des soupçons de maltraitance sur des personnes vulnérables.

Mais si le gouvernement et l’ARCOM n’ont pas été en mesure d’intervenir, c'est avant tout parce que la plateforme australienne "ne dispose pas d'une représentation légale dans l'Union européenne". Autrement dit, elle n’est pas sous le coup de la loi française, qui n’a aucune autorité sur elle. Cette tragédie a relancé les débats sur les dérives de certaines plateformes de streaming et leur système de modération, jugé parfois bien trop souples.

Jean Pormanove a été incinéré ce mercredi 27 août 2025, à Nice. Ses obsèques se sont déroulées dans la plus stricte intimité, en présence d’Owen Cenazandotti.

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Jean Pormanove et Owen Cenazandotti @ Instagram