Sarah Abitbol parle enfin. Dans son livre Un si long silence (éditions Plan), la patineuse livre un témoignage glaçant sur ses années de souffrance. En exclusivité, le magazine l’Obs a publié des extraits de cet ouvrage dans lequel l’étoile de la glace révèle avoir été violée par son entraîneur entre 1990 et 1992.

Ce n'est pas facile de dire à 44 ans qu'on a été violée à 15 ans. Je n'ai d'ailleurs jamais prononcé ce mot, sauf une fois devant ma psy, quatorze ans après. Aujourd'hui encore, j'ai beaucoup de mal. Je l'écris pour la première fois. Il va éclabousser mon image, bouleverser mon entourage, faire exploser l'omerta. Il me terrifie (...). Et pourtant, c'est le mot juste. Vous m'avez violée (...). J'ai gardé le secret, monsieur O.

Écrit la championne, bouleversée.

Vous m'avez violée (...). J'ai gardé le secret, monsieur O. Pendant deux ans, vous dites régulièrement à ma mère : 'Ce soir, je garde Sarah pour l'entraîner.' Et vous me violez dans le parking, les vestiaires et dans des recoins de la patinoire dont je ne soupçonnais même pas l'existence.

Continue-t-elle en s’adressant directement à son bourreau.

Une vie brisée

Profondément marquée par ce drame, Sarah Abitbol, comme beaucoup de victimes, souffre de syndrome de stress post-traumatique.

Je suis une handicapée de la vie, murée dans l'angoisse. Dans ma tête, je suis une proie. (...) Aujourd'hui encore, dès que je sors de la maison, j'ai peur. J'ai horreur d'aller dans les lieux que je ne connais pas. L'inconnu est forcément synonyme de danger. Je ne peux pas voyager seule. Conduire une voiture sans quelqu'un à mes côtés m'a longtemps été impossible. Prendre l'avion est une torture. Vous m'avez piégée dans des lieux clos. J'en ai développé une phobie. Dans une voiture, dans un appartement, j'ai besoin qu'on ouvre les fenêtres. L'idée même de mettre un pied dans un parking, où vous m'avez tant de fois agressée, génère une crise d'angoisse

Explique-t-elle avec courage.

Après des années à se taire, la patineuse a accepté de libérer sa parole dans l’espoir de guérir et d’aider d’autres victimes. Les faits étant hélas prescrits, Sarah Abitbol ne peut espérer que la justice se penche sur sa dramatique histoire. Reste son bouleversant récit et la force incroyable avec laquelle elle a choisi de porter son témoignage.