Le public français vous a découverte dans The Voice 4. Aujourd'hui cela fait maintenant 2 ans que vous incarnez Esméralda dans la comédie musicale Notre dame de Paris. Comment êtes-vous passée de la télévision à la scène ? 

Depuis 2008 j’ai la chance d’avoir une carrière dans le monde arabe, dans la musique et aussi dans la comédie musicale. En 2015, le directeur de casting de The Voice m’a contactée après m'avoir vue sur Youtube et il m’a proposé de participer à l'émission. Ma première réponse a été "non" puisque j’avais déjà une carrière au Liban.

Puis j’ai beaucoup réfléchi et je me suis dit qu’en fait, c’est une chance qui frappe à ma porte. J'ai longtemps rêvé d’élargir les horizons et de faire carrière aussi en France. C’était un pari fou mais un pari très positif puisque je suis arrivée en demi-finale.

Et c’est grâce à The Voice que les producteurs de Notre Dame De Paris, Luc Plamondon et Richard Cocciante, m’ont remarquée. Ils cherchaient une Esméralda. Moi j’étais ravie car c’est un rôle qui m’a longtemps fait rêver.

- Qu’avez-vous apporté de différent à la Esméralda de 1998 ? 

J'ai voulu être vraiment très authentique et montrer la fraîcheur du personnage. En fin de compte Esméralda n’a que 16 ans. On pourrait croire que c’est une femme qui est dans la séduction mais pas du tout. Elle est innocente et a la naïveté de son âge.

J'aime beaucoup son charme, son énergie positive, son côté solaire. J’ai voulu notamment souligner le côté frais du personnage. Aujourd’hui Esméralda est plus dynamique, elle se déplace et danse beaucoup plus.

Sa rencontre avec Hélène Ségara

- Vous reprenez le rôle d’Esméralda, succédant ainsi à Hélène Ségara dans le rôle de la célèbre bohémienne. Aviez-vous la pression ? Avez-vous eu l'occasion de rencontrer la chanteuse ? 

J’ai rencontré Hélène Ségara dans les coulisses d’un tournage. On a beaucoup papoté, c’est une personne extrêmement gentille, très chaleureuse, très douce. On a parlé du personnage, de son aventure à elle. Après, la responsabilité et la pression venait surtout de faire partie d’un casting et d’un spectacle qui a connu beaucoup de succès dans le passé. Et donc les gens ont tendance à comparer, ils s’attendent à un haut niveau. C’était ça le challenge. On a beaucoup travaillé, on a tous décidé d’être authentiques.

- Cela fait 2 ans que vous faites le tour du monde. Quelle ville vous a le plus marquée ?

Je me rappelle que Bruxelles c’était fou. À Paris c’est toujours magique puisque c’est là où le spectacle est né. Le Canada c’était une expérience magnifique. Toutes les dates qu’on a faites c’était très positif et le public était très accueillant.

- La dernière date de la tournée est-elle déjà fixée ? Avez-vous pensé à "l'après" Notre Dame de Paris

Je ne pourrais pas vous dire (rires). En fait à chaque fois qu’on se dit « c’est la dernière » on ajoute de nouveaux pays et de nouvelles dates au calendrier ! Je n’aime pas y penser. J’en ai déjà les larmes aux yeux. La troupe est si soudée qu’elle est devenue une famille. On s’est attaché à nos rôles, à la scène, à l’histoire, ça fait partie de nous. Ce sera très dur de fermer les rideaux.

"The Voice... C'était un peu formaté"

- On va revenir sur votre incroyable succès dans The Voice. Tout d’abord gardez-vous un bon souvenir de votre participation ?

Je garde un très bon souvenir. Certes pour moi ce n’était pas facile car je ne partais pas de zéro. J’avais un public qui me suivait donc j’avais deux fois plus la pression. C’était un vrai challenge. J'ai vécu cette aventure d’une manière très humble. Je me suis remise en question chaque soir. J’ai voulu montrer ma vulnérabilité.

Par contre, mon seul regret c’est d’avoir fait certains compromis sur mon image. C’est un format télé, donc il faut s’adapter au format, et j’avais peur de perdre mon identité. On ne m’a pas donné vraiment l’opportunité de montrer vraiment qui j’étais. C’était un peu formaté. Mais j’en garde un très bon souvenir c’était une expérience positive et ça a été un vrai tremplin.

- Avez-vous encore des contacts avec les coachs notamment avec Mika ?

Oui parfois on s’échange des messages. Je prends de ses nouvelles, il prend des miennes. Je lui demande conseil.

- En parlant de nouveaux horizons, avez-vous des projets télévisés en France ? Danse avec les Stars peut-être ?

Oui c’est sympa comme émission. J’aime bien regarder mais je ne me suis jamais imaginée là-dedans. Après j’aime beaucoup la danse donc on ne sait jamais (rires).

Une artiste engagée

- On aimerait en savoir plus sur votre actualité musicale. 

Je suis en train de travailler sur des nouvelles chansons en français et en anglais pour un album pour la première fois en langue étrangère. Je prends mon temps, car j'essaie de trouver vraiment ce qui me plaît et ce qui me représente, je ne veux pas précipiter les choses.

- Vous avez été la première femme à donner un concert en Arabie Saoudite dans une salle comble et exclusivement réservée aux femmes. C’était important pour vous ? Quel message souhaitez-vous faire passer à travers votre musique ?

J’ai toujours eu un discours concernant l’égalité homme-femme, et sur le droit de la femme dans le monde arabe et dans le monde. J’ai beaucoup de chansons qui parlent de ça aussi. Il y a une chanson en particulier qui a beaucoup circulé en Arabie Saoudite qui parlait de la consécration de la femme et de sa liberté de choisir son destin. C’est grâce à cette chanson et aux messages que je véhicule que j’ai été invitée à faire ce concert qui est un concert vraiment historique. Tout le monde en a parlé car c’était vraiment une première dans l’histoire.

Pour certains c’est peut-être un petit pas, mais moi je me dis que c’est une véritable évolution. Le concert était un moment très fort. Il y avait des femmes qui chantaient de tout leur cœur, qui pleuraient. J’aime être la voix des gens qui n’ont pas la chance de parler et d’exprimer leur opinion.

Propos recueillis par Aline.

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