Enora Malagré a commencé sa carrière dans les médias il y a 25 ans, lorsqu’elle n’avait que 20 ans. Comédienne de base, elle avait finalement atterri à la radio et à la télévision, notamment en tant que chroniqueuse sur Touche pas à mon poste pendant sept ans.

C’est auprès de la youtubeuse Shera Kerienski, dans son émission Bip Sonore, qu’Enora Malagré a bien voulu se confier.

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Victime de l’hypersexualisation de la femme à la télévision

Alors que Shera a voulu évoquer le sujet de l’hypersexualisation, Enora Malagré a directement eu beaucoup à dire à ce propos.

« Je n’ai ressenti que ça. Je suis toujours assez émue quand j’en parle. Ça fait 5 ans que je ne suis plus sexualisée, objectifiée. Pourquoi ? Parce que j’ai vieilli, parce que je sais que je n’ai plus le physique d’avant (...) et je vois que le regard a changé. Pour ma vraie vie c’est super mais pour la télé, il y a une date de péremption. »

Touchée par l’endométriose, Enora Malagré affirme avoir été réduite à son physique au début de sa carrière.

« On m’a déguisée. On m’a mis des décolletés pigeonnants pour que ce soit "vendeur", on m’a surmaquillée etc. Le pire c’est que j’étais persuadée qu’il fallait que je m’hypersexualise pour être valable à la télévision. Je pensais que c’était comme ça qu’il fallait être, que sinon on ne me regarderait pas et on ne m’écouterait pas. »

C’est aussi pour cela qu’elle aurait « essayé de développer un autre personnage télévisuel » en s’appuyant sur son franc-parler.

Si elle admet avoir « largement participé à ce système », elle a fini par évoluer au gré des lectures et des rencontres.

« Le réveil, il fait mal. Quand tu regardes ce que tu as été à l’antenne. »

C’est lors d’un reportage en immersion avec les marins-pêcheurs en Bretagne qu’elle a eu un déclic.

« Je me suis dit : "mais tu vas continuer combien de temps à faire de la merde ?" (...) À chier sur tout le monde parce qu’on me demandait de le faire. J’étais payée pour critiquer les collègues, les gens ne se rendent pas compte. »

Elle a alors démissionné une semaine après, « du jour au lendemain ».

Enora Malagré : « La télé m’a beaucoup détruite »

« J’étais tellement malheureuse à Touche pas à mon poste parce que je me rendais compte que je commençais à être ma propre caricature », a-t-elle avoué. « Tout ce que je disais n’avait pas vraiment d’intérêt, je tournais en rond dans mes propos. »

« Au début c’est très pernicieux, tu rentres chez toi, tu te sens mal et tu ne sais pas vraiment pourquoi. (...) Après chaque émission je rentrais, je fondais en larmes et puis je me rendais bien compte que je ne servais quand même pas à grand-chose quoi. »

Partie « sans oseille », elle dit s’être « sauvée » en finissant par quitter l’émission.

« Je ne dis pas que c’est de la faute d’Hanouna, c’est un système avec lequel il a fallu que je rompe brutalement parce que j’étais en train de devenir une pauvre fille. »

Enora Malagré a évoqué le fait qu’on lui disait de faire des choses qu’elle ne comprenait pas mais qu’elle faisait malgré tout.

« J’y allais avec gourmandise, "ahah super !", en surjouant évidemment, parce que sinon t’as Jean-Claude derrière qui t’engueule, mais si c’est pas lui c’est quelqu’un d’autre de toute façon. »

Elle avait l’impression de n’exister qu’à travers la notoriété que lui apportait la télévision et est restée bloquée dans ce cercle vicieux pendant des années.

« Ce que je me dis, c’est que du temps perdu. Qu’est-ce que j’ai pu me faire du mal, me détruire d’une manière ou d’une autre, me rabaisser. Tellement de temps j’ai donné à voir de moi quelque chose qui n’était pas moi. J’aurais pu faire autre chose, avoir une autre vie, une autre carrière qui me correspondrait mieux mais bon, c’est la vie. »

« La télé m’a beaucoup détruite. Si c’était à refaire, je ne le referais pas », a-t-elle alors ajouté, bien plus heureuse désormais en tant que comédienne.