Une vidéo publiée dans l’objectif de lutter contre les violences sexuelles fait polémique. En effet, depuis sa mise en ligne le 22 novembre par la police du district de Baranya, dans le sud-ouest de la Hongrie, les associations féministes se révoltent. Et pour cause, une image dégradante des femmes est véhiculée.

Si les femmes se font violer, c’est entièrement de leur faute. Voilà le message que fait passer cette vidéo, destinée à être visionnée dans les lycées. Dans le clip, on aperçoit un groupe de jeunes filles se mettre sur leur 31 avant de sortir en discothèque. Mini-jupe, chaussures à talons et maquillage à outrance, on les voit ensuite se déhancher en boîte de nuit et flirter avec différents garçons, complètement sous l'influence de l’alcool.

A la fin de la vidéo, un homme cagoulé attend sa victime, prêt à passer à l’acte de violence. On peut voir le message suivant s'afficher:

Tu y es pour quelque chose, tu peux faire quelque chose pour éviter cela.

On comprend mieux pourquoi les associations féministes se sont révoltées. Ces dernières rappellent que si une femme se fait violer, ce n’est strictement pas de sa faute. Keret, le collectif contre les violences sexuelles déclare:

Ce n’est pas l’habit qui fait la victime !

Quant à Györgyi Tóth, membre de l’association Hungary’s Women United Against Violence, elle ne se dit pas surprise face à cette fausse propagande, et dénonce alors un clip mensonger :

Le clip présuppose qu’une femme a plus de chances de se faire violer si elle est habillée de manière sexy. Ce qui est totalement faux, le viol n’a rien à voir avec la manière dont on s’habille ou avec un prétendu langage corporel.

Elle rappelle également que peut importe la tenue qu'elles portent, les femmes peuvent se faire agresser à n’importe quel moment de la journée. D’autant plus, elle rappelle que les viols n’ont pas spécialement lieu à la sortie d’une discothèque:

Contrairement à ce que montre le clip, les viols sont très rarement commis par un étranger à la sortie d’une boîte.

Et les autorités dans tout ça, comment se défendent-ils ?

La métacommunication féminine (le langage corporel) joue un rôle important dans la prévention. C'est souvent la coquetterie des jeunes femmes qui déclenche la violence.

L’association des femmes hongroises a lancé une pétition dans afin d’inciter les autorités à diffuser des vidéos qui ne blâment pas les femmes victimes de viol, mais qui condamne les agresseurs. En Hongrie, les plaintes pour viol sont prises (un peu trop) à la légère.

Bien souvent, quand elles osent passer la porte du commissariat, le policier à l’entrée leur dit que ça ne vaut pas le coup, qu’elles n’obtiendront pas gain de cause, qu’elles n’ont même pas l’air blessées. Certains commissariats ont fait des progrès mais il faudrait des directives nationales claires et un vrai programme de formation des policiers à l’accueil des victimes de viols. (…) Le viol est l’un des crimes en Hongrie pour lesquels la victime est le plus souvent accusée de fausse déclaration. Aussi des femmes préfèrent ne rien dire pour ne pas prendre le risque de se retrouver dans la situation de l’accusée.

A cause de l’attitude des autorités hongroises et tous ces préjugés auxquels elles doivent faire face, les femmes violées n’osent plus porter plainte. 99% d’entre elles restent dans le silence.