La Coupe du monde féminine de football, qui s’est déroulée en Australie et en Nouvelle-Zélande, s’est achevée ce dimanche 20 août 2023. C’est l’Espagne qui a remporté la compétition, s’imposant 2-0 face à l’Angleterre. Hélas, la victoire a été gâchée par une polémique, qui dure depuis maintenant plusieurs jours.

En effet, lors de la remise des médailles, Luis Rubiales, le président de la Fédération espagnole de football, s’est un peu trop laissé emporter par sa joie et a embrassé la joueuse Jenni Hermoso sur la bouche. Un baiser forcé qui a choqué l’opinion et que certains ont qualifié d’agression sexuelle. D’autant plus que Jenni Hermoso a clairement exprimé son mécontentement, précisant qu’elle n’avait "pas aimé" :

Je me suis sentie vulnérable et victime d'une agression, d'un acte impulsif, machiste, déplacé et sans aucun consentement de ma part. Je n'ai tout simplement pas été respectée.

Ce vendredi 25 août, les 23 joueuses de l’équipe nationale d’Espagne ont apporté leur soutien à leur coéquipière et annoncé qu’elles refusaient de rejouer pour la sélection sous la direction actuelle de la Fédération :

Après tout ce qui s’est passé lors de la remise du Mondial féminin, toutes les joueuses signataires du présent texte n’honoreront pas une prochaine convocation si les dirigeants actuels sont maintenus.

Ont-elles fait savoir via un communiqué.

Luis Rubiales contre-attaque

Mais pas de quoi déstabiliser Luis Rubiales. Le même jour, lors d’une assemblée générale extraordinaire organisée à Madrid, le président de la Fédération a consenti à présenter "(ses) excuses" mais a, en revanche, martelé qu’il n’avait pas l’intention de quitter son poste : "Je ne vais pas démissionner, je ne vais pas démissionner !", a-t-il déclaré, sous les applaudissements de l’assistance. Et d’ajouter :

Un baiser consenti va me faire partir ? Allons… Je vais lutter jusqu’au bout. Jusqu’au bout. J’espère que la loi sera appliquée.

Luis Rubiales a ensuite dénoncé un "faux féminisme" qui "ne cherche pas la vérité" et s’est dit victime d’une "tentative d’assassinat social". Celui qui est le père de trois filles a également indiqué qu’il allait "se défendre" contre "ces gens qui tentent de (l’)assassiner publiquement".

Après cette prise de parole, c’est la Fédération qui est montée au créneau pour défendre son président et menacé Jenni Hermoso d’éventuelles poursuites judiciaires, l’accusant d’avoir "menti" à propos de ce baiser auquel elle aurait consenti :

La RFEF et M. le président démontreront chacun des mensonges propagés par quiconque au nom d’une joueuse, ou, le cas échéant, par une joueuse elle-même. Les preuves sont concluantes, le président n’a pas menti.

Peut-on lire dans un communiqué, accompagné de photos censées prouver que la footballeuse était consentante.

Si on peut voir la joueuse de 33 ans enlacer Luis Rubiales, la scène n’est toutefois pas montrée dans son intégralité, ni même le moment du baiser.

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Jenni Hermoso @ Getty Images

La polémique enfle

Ces explications n’ont pas convaincu grand-monde, bien au contraire. Le monde du sport, mais également les anonymes, ont apporté leur soutien à Jenni Hermoso et à la sélection féminine espagnole. Les joueuses ont aussi pu compter sur celui de leur staff, qui, ce samedi 26 août, a présenté sa démission, à l’exception du sélectionneur Jorge Vilda.

Dans un énième communiqué, les onze signataires, parmi lesquels figurent les adjoints de Jorge Vilda, "expriment leur condamnation ferme et catégorique du comportement de Luis Rubiales à l’égard de Jennifer Hermoso" :

Il a présenté un récit des faits qui ne reflète pas ce qui a été ressenti par Jenni Hermoso, qui a expressément déclaré qu’elle s’était sentie "victime d’une agression". Au vu de cette attitude inacceptable et des déclarations du président, nous avons pris la décision de quitter nos fonctions.

Et de conclure :

Nous acceptons la part de responsabilité qui nous incombe en ce qui concerne la restructuration et la professionnalisation de la sélection féminine, une tâche pour laquelle nous avons toujours travaillé avec la plus grande motivation et professionnalisme.

Alors que la justice espagnole s’est saisie du dossier pour enquêter sur une "agression sexuelle présumée", la Fifa a décidé de suspendre Luis Rubiales pour une durée de 90 jours. Il a été remplacé par Pedro Rocha Junco.

Cependant, toute cette affaire commence à prendre des proportions inattendues. Alors que Luis Rubiales pourrait finalement être démis de ses fonctions, sa mère a entamé une grève de la faim pour le défendre et exige de Jenni Hermoso qu’elle dise "la vérité".

En outre, la Fédération espagnole a menacé de quitter l’UEFA si Luis Rubiales était destitué. Une décision qui pourrait conduire à l’exclusion de tous les clubs espagnols des compétitions européennes.

Qu’en pensez-vous ?