Il lui a fallu plus de 35 ans pour trouver le courage de briser le silence. Inès Chatin, âgée aujourd’hui de 50 ans, a enfin dénoncé les actes sans nom perpétrés par un groupe d’intellectuels français. En effet, elle a livré un témoignage glaçant auprès de Libération. Le premier volet de l’enquête a été publié ce jeudi 13 juin 2024.

À l’instar d’autres amis de son père adoptif, le médecin Jean-François Lemaire, Gabriel Matzneff est accusé de crimes pédocriminels. Les faits auraient eu lieu dans les années 1970-1980. De ses 4 à ses 13 ans, Inès Chatin aurait subi toutes sortes de sévices qui l’ont profondément marquée. Et dont les cicatrices sont encore présentes aujourd’hui.

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Gabriel Matzneff @ DR

Des "jeux" sexuels aux viols en groupe

En octobre dernier, Inès Chatin avait demandé une audition au parquet de Paris. Après avoir vécu ce calvaire, elle voulait alerter sur d’autres enfants victimes. Dès lors, une enquête préliminaire a été ouverte et confiée à l’Office mineurs (Ofmin). Quelques mois plus tard, nos confrères de Libération ont recueilli son témoignage.

La plupart des faits se seraient déroulés au domicile de son père adoptif, situé au 97, rue du Bac, dans le VIIe arrondissement de Paris. "L'antre du malin", a précisé le mari d’Inès Chatin. Le visage masqué, plusieurs hommes se seraient adonné à des jeux sordides avec des enfants. Parmi eux, le fondateur du Point, Claude Imbert ainsi que l’écrivain et membre de l’Académie française Jean-François Revel, tous deux décédés.

L’avocat François Gibault et l’écrivain Gabriel Matzneff sont également accusés de viols sur mineurs. D’après le témoignage d’Inès Chatin, ils auraient également utilisé des objets métalliques.  

Si quiconque pleurait ou manifestait une résistance, c’est sur lui que les hommes se concentraient, insistaient.

Gabriel Matzneff se terre dans le silence

Pour rappel, l’écrivain de 87 ans, déjà accusé de viols sur mineurs, a fait l’objet d’un livre intitulé Le Consentement, de Vanessa Springora. Contacté par Libération, l’octogénaire mis en cause pour des crimes pédocriminels a refusé tout commentaire.

De son côté, Inès Chatin a affirmé qu’elle n’est pas motivée par la vengeance. En revanche, la plaignante veut que justice soit faite.

Aller en prison n’aurait plus aucun sens. Je veux que la justice les confronte à la gravité de leurs actes. S’en prendre à des enfants est inqualifiable.